A la baïonette! c’est l’arme du courage, c’est l’arme des Français.
Le fer, soldats, donna la rage, la rage donne la mort….. Battez la charge!…..
Mercredi dernier, 16 novembre, toute la rédaction du Courrier Français se réunissait au Rat- Mort pour fêter l’anniversaire de la troisième année de fondation du journal.
Étaient présents à ce dîner: A. Willette, Henri Pille, Heidbrinck, Uzès, Forain, Louis Legrand, P. Quinsac, F. Lunel, José Roy, Gouneutte, Dupérelle, Roedel, Mermeix, Roger-Miles, Emmanuel Patrick, Julien Manvrae, Émile Goudeau, Georges Perrin, Gustave Lanier, Edouard Lanier, Decaux, notre graveur, Bourbier, chef de vente.
Au dessert, Paulus, retour de Genève, est venu au débotté avec son accompagnateur Chaudoir, nous serrer affectueusement la main.
Inutile de dire que la gaieté la plus franche n’a cessé de régner dans toute l’assistance.
La morue rapportée par Willette, de Granville, a été très bien accueillie ainsi que les pieds de cochon envoyés en droite ligne de Ménchould par notre ami Géraudel.
Au moment où le champagne de la veuve Cliquot moussait dans les verres, le doyen de la réunion, M. Emmanuel Patrick, a porté un toast au Courrier Français et à son directeur, M. Jules Roques. M. Emmanuel Patrick a rappelé avec beaucoup d’a-propos qu’il avait collaboré en 1858 au Courrier Français, dirigé alors par le père du directeur actuel.
« Ne croyez pas, Messieurs, ajouta M. Patrick, qu’il suffise d’avoir de l’argent pour faire un journal intéressant. Il y a encore autre chose il faut avoir cet instinct particulier que M. de Villemessant possédait à si haut degré, pour reconnaître et deviner les talents naissants, les réunir et se les attacher. C’est ce qu’a très habilement su faire notre directeur, M. Jules Roques.»
Après quelques autres toasts, M. Roques propose de boire à la santé d’un collaborateur absent, M. Raoul Ponchon, retenu à Saint-Enogat par les devoirs de l’amitié auprès de son ami Richepin, malade.
L’ami Ponchon avait tenu à être d’esprit avec nous, en envoyant à la rédaction l’ode suivante luc au dessert par M. Jules Roques au milieu d’applaudissements unanimes.
Mauvrac se lève alors et dicte, pour être adressées à Ponchon, ces paroles mémorables qu’il pro- nonce d’une voix émue:
Rien ne manquait à notre soif, vous manquiez à la nôtre! »
p.3 Fantaisie sur le froid.