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Georges Doutrepont: L’évolution du type de Pierrot dans la littérature Française

Georges Doutrepont: L’évolution du type de Pierrot dans la littérature Française. Lecture faite à la séance du 28 juin 1935 Brussel. 2x tekst over Willette. 62 pag. doorwrocht werk…

omslag.

tekst m.b.t. Willette:

19250628 L’Évolution du Type de Pierrot.26 ev:

En même temps, le dessin, la peinture, l’image sous toutes ses formes, la sculpture, la musique unissaient leurs efforts pour faire fête au « gentil Pierrot ». Bien avant cela sans doute, il était déjà l’un des favoris du monde des arts, mais, au déclin du XIXe siècle, et de nos jours, le crayon, le pinceau, le burin, la mélodie de maîtres distingués ont réalisé en son honneur, et en une curieuse abondance, des merveilles de grâce ailée, de fantaisie délicate, d’invention légère, aimable ou profonde. Sur son antique réputation toute une gloire nouvelle s’est greffée rien que par l’appoint des spécialistes de l’affiche, et surtout du grand dessinateur de Montmartre, Willette, qui a presque renouvelé le blanc et muet personnage, tant il lui a prêté du caractère. Il l’a même doté d’un « vis-à-vis », d’un dédoublement qui s’est trouvé supérieurement exquis: sa Pierrette. Oui, sa Pierrette, sa petite Pierrette n’est-elle pas un type de femme française, de montmartroise qui, comme création, égale son Pierrot, «le Pierrot de Willette », ainsi qu’on a coutume de dire? (1)  (La veuve de Pierrot, L’Age d’Or, Feu Pierrot, Pauvre Pierrot)

 

Devons-nous ajouter que le Pierrot du dessin ou du chant ou de la pantomime n’a pas tué le Pierrot parlant? S’il fallait le prouver, l’on pourrait se borner à relater l’anecdote contée par Jules Claretie rappelant les débuts d’Edmond Rostand:

<< La charmante petite pièce de Pierrot qui pleure et Pierrot qui rit avait été présentée par le futur auteur de Cyrano à la Comédie Française. Elle y fut refusée parce que l’acteur Got attira l’attention de ses collègues sur l’invasion de Pierrots qui menaçait alors les planches de la Maison de Molière ». Et Claretie écrit encore: «Depuis que j’avais fait représenter le Baiser de Théodore de Banville, tous les levers de rideau qu’on nous proposait contenaient, en effet, des Pierrots. Le Dîner de Pierrot était là, d’autres Pierrots frappaient à la porte >>.

Non certes, le Pierrot du dessin, du chant, de la pantomime n’a pas tué le Pierrot parlant. Ce dernier reste toujours vivant, toujours debout, et, sans crainte de se tromper, on peut lui prédire longue et belle destinée. Il continue d’occuper la scène et la strophe. Il continue d’occuper les cerveaux des rêveurs. Sont-ils assez nombreux, en effet, les poètes du jour qui ont débuté par des Pierrots lyriques ou dramatiques ? Tous ces Pierrots n’ont pas vu la rampe du théâtre ou la vitrine du libraire. Mais ils furent! Beaucoup ont vécu d’une vie obscure et éphémère; ils ont vécu, enfermés dans un tiroir de jeune rimeur, sans que soit venu pour eux l’Asmodée qui leur aurait donné la liberté du plein air et les joies de la grande lumière, mais il suffit pour nous qu’ils aient été conçus.

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[-] Le maître en l’espèce fut Willette dont nous avons déjà rappelé l’originale participation à l’évolution de notre type. Adolphe Brisson écrivait au lendemain d’une visite qu’il lui avait faite : « Le Pierrot de Willette est un Pierrot bien à lui, original, et qui s’écarte de la tradition. Ce n’est pas ce benêt qui empoche les nasardes et vole les confitures; il aime jusqu’à en mourir et il a l’âme légère; sa cervelle est un ciel d’avril tout rempli de giboulées la pluie et le soleil s’y succèdent… Et comme je complimentais l’artiste de cette conception si personnelle: Vous attribuez à mon Pierrot des qualités qu’il n’a pas, sans doute, me fit-il observer avec modestie, et vous m’attribuez à moi des intentions trop complexes. C’est surtout par son costume que Pierrot m’a séduit. Il me fallait un personnage assez général pour traduire, par ses jeux, toutes les passions humaines. Je ne voulais pas l’affubler de la redingote, qui est un vêtement antiesthétique; la blouse blanche, la calotte noire et la mousseuse collerette de Pierrot le placent en dehors des hommes et près d’eux: ce sont des habits de rêve. Ce sont les habits qu’adopteraient les poètes, si le temps où nous vivons était moins dur et moins prosaïque » (1).

On l’entend: « Il me fallait un personnage assez général pour traduire, par ses jeux, toutes les passions humaines ». La remarque est d’un prix particulier pour nous. Tout en la soulignant, prenons soin aussi de rappeler que Willette qui est un poète et qui est, de plus, un parent des peintres des fêtes galantes du XVIIIe siècle, a fait son Pierrot un peu dans leur manière, puisqu’il est de leur famille, et qu’il l’a fait égale- ment dans la manière et les teintes de son propre milieu.

On l’a défini « un Watteau montmartois, satirique et rêveur ». C’est bien le Paris montmartrois qui vit dans son Pierrot et, pareillement, dans sa Pierrette. Il y vit dans un décor de 1légèreté, de coquetterie, de mélancolie, de beaudelairisme ; il y vit frondeur, insouciant, attendri, pervers, ingénu, misérable, exalté. Et d’autre part, Willette vit et lui ; il vit dans son personage fait de blanc et de noir : « Il est là complet, dit Francis Cargo, avec sa tendresse, son irrespect, sa candeur, son amour des humbles, ses opinions politiques aussi vives qu’irraisonnées… Son Pierrot, symbole de l’innosence persécutée ou de la raillerie vindicative, type favori auquel Willette prête tous ses sentiments de bon Français cocardier, vibrant, chatouilleux, mauvaise tête et bon cœur »… ( Voir les Annales politiques et littéraires, 18 février 1908.)

citaat in het nederlands:

Adolphe Brisson schreef de dag na een bezoek aan hem: “De Pierrot van Willette is een eigen Pierrot, origineel en die afwijkt van de traditie. Het is niet de onnozele die zijn neus in zaken steekt en jam steelt; hij heeft lief tot aan de dood en hij heeft een lichte ziel; zijn brein is een aprilhemel vol buien, de regen en de zon volgen elkaar op…

En terwijl ik de kunstenaar complimenteerde met deze zeer persoonlijke opvatting:

“je schrijft aan mijn Pierrot kwaliteiten toe die hij niet heeft, zonder twijfel, heb je hem nader geobserveerd, en u schrijft mij te complexe bedoelingen toe. Het was vooral door zijn kostuum dat Pierrot mij verleidde. Ik had een personage nodig dat algemeen genoeg was om via zijn spel alle menselijke passies te vertolken. Ik wilde hem niet in een geklede jas kleden, wat een lelijk kledingstuk is; Pierrots witte blouse, zwarte pet en sprankelende kraag plaatsen hem buiten de mensen en toch dicht bij hen: het is droomkleding. Dit is de kleding die dichters zouden aannemen als de tijd waarin we leven minder hard en minder prozaïsch zou zijn”

  1925  /  boek, collectie NK  /  Voor het laatste geüpdate oktober 11, 2024 door Redactie  /  Tags: ,