op pag. 61 – 63 wordt Willette genoemd en geciteerd:
[-] Willette n’était pas spirituel. Pas plus qu’un moineau de Paris. Sautillant sur le fumier des opinions, voleur comme le moineau, c’est-à-dire trouvant son bien un peu partout, il semblait donner raison à Forain qui avait dit un jour à Robert de Montesquiou: Il faut avoir souffert pour faire de l’esprit. L’esprit est, en effet, une manière légère d’être critique… et sévère.
Willette disait de Caran d’Ache: “C’est un lieutenant prussien. Il bouffe du juif comme ses frères d’Outre-Rhin. Mais on le sait, qui bouffe du juif en crèves, et aussi: Il a été renvoyé de la Gurde impériale comme ultra, De plus, c’est un espion à la solde de la Wilhelmstrasse, c’est pour cela qu’il a dénoncé Dreyfus qui devenait gênant. »
[-]
Le Chat noir. Rodolphe Salis, gentilhomme-cabaretier, fondait 1882 son cabaret et un journal qui allaient donner pendant vingt années le ton à l’humour. Il y recueillait le petit groupe dispersé des Hydropathes, d’Émile Goudeau. Ont-ils un caractère politique, cus joyeux collaborateurs: Willette, Caran d’Ache, Steinlen, Pille, et les poètes et chansonniers: Jules Jouy, Maurice Donnay, Félix Fénéon, Nohain le père de notre Jaboune national, Alphonse Allais, Franc-Nohain Auriol, Landis qu’acharné sur un instrument de location pianote Eric Satie près de sa compagne Suzanne Valadon? Leur production: dessins, chansons et poèmes apparaissent d’une poésie funanibulesque, de ton libre el satirique, mais sans violence qui puisse inquiéter les puissances es d’argent ou de politique, qui i d’ail- leurs fréquentent très volontiers le cabaret du Chat noir, à Montmartre, le soir.
Plus percutant, Le Courrier français devait accueillir l’élite de dessinateurs qui vers 1895 caractérisaient l’esprit léger et sarcastique du Paris fin de siècle et se retrouvaient chaque soir au Rot mort. Raoul Ponchon y publiait ses admirables poèmes qui n’ont pas vieilli et en font presque un émule de Verlaine; Faverot, Heidbrinck et Henri Pille y représentaient les mœurs contemporaines sous un aspect moyenageux; Willette, chargé d’orner la plupart des pages de couverture, y déployait un patriotisme montmartrois sur fond de Moulin de la Galette, fait de Pierrots mobilisés et d’Arlequines-cantinières gentiment dépoitraillées. Car depuis que Delacroix avait montré Le Liberté tous nichons dehors, et avec quel bonheur, et Daumier sa robuste république nourrissant de seins généreux de petits citoyens, le téton était devenu un symbole républicain, orné de la rosette impériale de la Légion d’honneur. Plus discret mais quel grand artiste!
Louis Legrand (que j’ai connu au crépuscule de son existence, dans un logis très modeste de la rue Saint-Antoine), dans sa jeunesse avail cependant osé quelques dessins qui lui valurent des poursuites pour outrage aux bonnes mœurs. Le Courrier françois tentait d’agaicher le public par Paudace de gravures dont les auteurs se prétendaient de paradoxaux apõtres, comme dans La Sainte Democratic, de Willette. Louis Legrand avait apporté dans cette rédaction du Courrier français où le patron Jules Roques s’efforçait surtout de faire des allaires une tendance paysanne et humanitaire que l’on retrouve dans les admirables poèmes de Gaston Conté.